Cécile McLORIN SALVANT (2017)
Lauréate en 2017
©photo Mark Fitton
Vocaliste franco-haïtienne, née en 1989 à Miami, Cécile avait étudié le piano classique, chantait dans une chorale d’enfants, mais ne se destinait nullement à devenir une chanteuse professionnelle. Préparant Sciences Po à Aix en Provence, elle y rencontra le saxophoniste Jean-François Bonnel qui dirigeait la classe de jazz du Conservatoire Darius Milhaud. Il la convainquit de chanter, de donner des concerts et lui fit enregistrer un excellent premier album de standards qui, mal distribué, passa inaperçu. En 2010, participant sans trop y croire au Concours Thelonious Monk, elle en remporta le 1er prix à la surprise générale. Jacky Terrasson lui donna un sérieux coup de main en lui réservant deux titres de “Gouache”, album qu’il enregistra en 2012. Plusieurs dates avec Wynton Marsalis et le Lincoln Center Orchestra la même année, une tournée l’année suivante au sein du même orchestre, consacraient la chanteuse.
Incontestablement, la voix chaude et veloutée de Cécile subjugue. On l’écoute, la chair de poule au corps et au cœur. Impossible de mieux chanter. Sa large tessiture lui permet de changer d’octave, de se livrer à des acrobaties qui n’altèrent en rien sa justesse. On pense à Billie Holiday, à Sarah Vaughan, à Ella Fitzgerald, mais aussi à Abbey Lincoln que Cécile a bien évidemment écoutée.
Certains seront sans doute étonnés par le classicisme de “Woman Child” (Mack Avenue), Prix du Jazz Vocal 2013 de l’Académie du Jazz. Cécile qui n’a que 23 ans s’empare de quelques thèmes anciens qui parlent à son cœur, les fait revivre par une diction et un phrasé impeccables et chante le blues de manière naturelle. Elle n’a pas encore trouvé ses musiciens sauf Aaron Diehl qui émerveille au piano. Le blues dans les doigts, il peut tout jouer, du jazz classique au jazz moderne, et adapte facilement son jeu au répertoire éclectique de Cécile.
Dans “For One to Love” (Mack Avenue), Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz en 2015, Cécile reprend avec bonheur Le Mal de Vivre qu’interprétait Barbara, mais aussi plusieurs extraits de comédies musicales. Paul Sivikie à la contrebasse et Lawrence Leathers à la batterie constituent désormais sa section rythmique avec toujours Aaron Diehl au piano.
C’est avec eux qu’elle enregistre au Village Vanguard “Dreams and Daggers”, son disque le plus récent, un double CD contenant quelques titres studio dans lesquels elle fait appel à un quatuor à cordes. Car c’est sur scène que Cécile manifeste pleinement ses possibilités, qu’elle insuffle une vie nouvelle à des chansons souvent anciennes. Habituée aux récompenses, elle obtient aujourd’hui le prestigieux Prix Django Reinhardt. Assurément « A Star is Born ».
Pierre de Chocqueuse